Évènement

Affectivité Augmentée

Samedi 19 juin 2021 à 15h

Sidsel Meineche Hansen, Seroquel®, HD video and CGI animation on flatscreen, duration: 8 min., 2014 All images courtesy the artist and Rodeo, London / Piraeus.

Affectivité Augmentée est une réflexion collective organisée par If It’s Good, plateforme de recherche fondée par Théodora Domenech et Angela Blanc. Il s’agit de penser la transformation de la vie affective induite par l’usage des nouvelles technologies à travers la mise en commun de textes multidisciplinaires et d’œuvres contemporaines. Leur invitée, Ingrid Luquet-Gad, enrichira cet échange des pratiques et réflexions qu’elle a engagées sur ce sujet.

Depuis plusieurs années, les artistes s’emparent de l’univers post-digital par leurs matériaux, sujets ou esthétiques. Les nombreuses expositions portant sur l’art et le numérique traduisent un besoin de penser notre relation à ces médias. L’expérience récente du confinement face à l’épidémie de COVID-19 a renforcé notre conscience des dépendances que nous nourrissons à l’égard des interfaces de communication. Cette période a également favorisé la multiplication des projets numériques. Dans ces pratiques apparaissent des thèmes récurrents : matérialité modulable, posthumanisme, fluidité du genre, désidentification, mais aussi ethnocentrisme, capitalisme cognitif et manipulation par les médias.

Prendre les émotions et l’intimité comme point d’entrée pour analyser notre condition contemporaine “post-digitale” permet de mettre en relief les tensions inhérentes au sujet numérique : étant à la fois espace d’émancipation et d’aliénation.

L’affectivité augmentée s’inscrit dans la continuité de l’identité Cyborg, qui a été pensée par Donna Haraway comme un sujet d’émancipation. Mais l’est-il encore à l’ère de l’humanité connectée ? À l’instar de la figure du Cyborg, les émotions augmentées ne sont ni naturelles ni artificielles mais les deux à la fois. Ordinateurs, téléphones, objets connectés en tout genre ne sont pas seulement des prothèses mécaniques. Elles génèrent des habitudes cognitives, kinesthésiques et affectives. Or, les systèmes de domination les plus efficaces sont précisément ceux qui, incorporés, agissent sur le sujet depuis l’intérieur : comme un biopouvoir ou à la manière des pharmacotechnologies, pointées du doigt par Michel Foucault et Paul B. Preciado comme des formes insidieuses de dressage des comportements. L’aliénation n’est pas causée par les technologies en tant que telles, mais avant tout par des systèmes de domination sous-jacents. Les habitus affectifs générés par les plateformes numériques sont aussi l’effet des idéologies capitalistes, impérialistes et sexistes induites par leur contexte de conception. Mais ces effets sont-ils réversibles, tout en utilisant les mêmes outils ? C’est la thèse de Arjun Appadurai notamment, qui veut penser ensemble les moyens de communication et les migrations de masses, analysant la formation de solidarités diasporiques nouvelles.

S’interroger sur l’influence du numérique sur nos vies suppose de se placer à un autre niveau que le débat entre progressistes et nostalgiques. Un grand nombre d’artistes dépassent cette binarité technophile-technophobe pour aborder l’affectivité augmentée : détournant ou caricaturant les pratiques d’internet et des réseaux sociaux, ou les utilisant dans une visée émancipatrice. Parmi les artistes, on peut citer : Melissa Airaudi, Salomé Chatriot & Samuel Fasse, Ed Fornieles, Kate Cooper, Caroline Delieutraz, Sidsel Meineche Hansen, Sondra Perry, Salvia, Tabita Rezaire, Jonathan Vinel. En évitant de se positionner contre les nouvelles technologies, mais avec elles, il devient possible de penser le cadre d’un espace numérique éthique, inclusif et safe.

AA.II.2 IMAGE COM _Sidsel-Meineche-Hansen_Seroquel_2014
AA.II.2 IMAGE COM _Sidsel-Meineche-Hansen_Seroquel_2014
Intervenants

Théodora Domenech
Angela Blanc
Ingrid Luquet-Gad

Date
Horaire
15h00
Lieu
Fondation Pernod Ricard
1 cours Paul Ricard
75008 Paris
Entrée libre

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