Archétypes et inconscients modernes

Ses héros, en effet, du plongeur du  » Grand bleu  » à Jeanne d’Arc, vivent des passions absolues jusqu’à en mourir.

Le retour des archétypes dans la société contemporaine, telle est la thématique qui sera abordée tous les mois lors des Rendez-vous de l’Imaginaire organisés par l’Espace Paul Ricard et le CEAQ (Centre d’Etude de l’Actuel et du Quotidien).
Le premier débat s’est intéressé aux » Archétypes et inconscients dans le cinéma de Luc Besson « , en présence Michel Maffesoli, professeur à la Sorbonne (Paris V), directeur du CEAQ et qui est à l’initiative de ces rencontres et de Michel Cazenave, écrivain, philosophe et directeur de programmes à France Culture.
Le monde actuel est l’expression d’archétypes qui se révèlent sous différentes formes, allant du cinéma, à la musique, à de la mode, où le corps se donne en spectacle… écho à l’inconscient collectif. Penser l’archaïque renvoie à l’ordre du profond, mais aussi de l’ingresso, en référence à l’entrée, au plaisir d’être ensemble et de vivre le moment présent. Ce retour à l’archaïque se traduit par une forme de vitalité sociale reliée aux expériences oniriques, réminiscence du barbare, de l’âme de la brousse… C’est aussi une sagesse démoniaque, avec une marque de fidélité à la terre : un humus, au sens d’un véritable humanisme.
Or, ces diverses formes d’archaïsme restent très présentes chez tous les grands cinéastes, dont les oeuvres expriment le pouvoir de l’image, des mythes et des archétypes. C’est notamment le cas, chez Luc Besson, où les thèmes de l’initiation et du processus de métamorphose sont très prégnants.
 » Le grand bleu  » évoque une relation au maternel et au féminin, l’anima, ou un double rapport à la mère et à la mer. Ces fonds marins représentent l’origine primordiale, la genèse, où s’ensuit un processus initiatique avec différentes étapes à franchir. Ce qui nécessite une descente en profondeur dans la mer, afin de retrouver l’unité originaire : la déesse mère… pour ensuite, pouvoir renaître et se séparer de l’originel… C’est seulement après cette scission que pourront surgir  » Nikita  » ou  » Le cinquième élément « . Derrière cette profondeur, transparaît le principe divin et les grandes mythologies où apparaissent la lutte entre le Bien et le Mal, entre lumière et ténèbres. Autrement dit, le sauveur-sauvé a perdu sa qualité divine, il doit être sauvé. Ce thème sera repris dans  » Jeanne d’Arc « , autre figure mythologique avec la représentation de la vierge guerrière, où figure une part de masculin : ergo ; principe qui régit la guerre. Il s’agit de défendre l’intégrité, un ordre de la réalité, afin de trouver une réponse adéquate, au-delà de la raison, où le logos devient parole originaire.