Évènement

Différentes voix

Jeudi 17 octobre 2013 à 19h

Patrick Javault reçoit Latoya Ruby Frazier et Abigail DeVille.

La Toya Ruby Frazier est née, a grandi, et vite encore partiellement à Braddock, ancienne ville industrielle proche de Pittsburgh, que la fermeture des aciéries a plongée dans la désolation. Inspirée par le travail des maîtres de la photographie documentaire américaine elle a choisi de tracer en parallèle le portrait d’une lignée de femmes : elle-même, sa mère (Mom) , et sa grand-mère (Grandma Ruby, disparue en 2009) comme une seule entité, et celui de sa ville. Ville dont elle interroge l’histoire et agit aussi pour son avenir en témoignant du racisme ambiant et des inégalités sociales. Les vies de cette lignée de femmes, leurs corps, leur manière de vivre ensemble, appartiennent à l’histoire de Braddock, comme l’histoire de Braddock s’inscrit en elles, à travers notamment les effets de l’environnement sur leur santé. Pratiquant aussi la vidéo et la performance, L R F, ressuscite la photo noir et blanc politique qu’elle croise de façon subtile et intrigante avec la mise en scène de sa vie quotidienne.
Revendiquant l’influence de Kienholz, Kabakov ou Hirschhorn, Abigail DeVille réalise des installations le plus souvent in situ à partir d’objets et de matériaux d’origines diverses, qui mêlent le personnel et le général, pour construire un portrait collectif, faire apparaître la continuité de politiques d’exclusion et d’oppression, provoquer la collision de l’art d’avant-garde et du chaos social. Ces environnements ravagés forment un compactage de récits individuels et collectifs et s’apparentent en partie à un travail archéologique. Abigail DeVille étend le concept d’invisibilité que l’écrivain Ralph Ellison appliquait à la communauté noire, aux déclassés, sans-abris et autres marginaux que la société a choisi de ne pas voir. Allant plus loin encore, elle déclare: «L’outsider voit la créativité féministe noire comme un trou sombre dont rien de valable ne peut émerger, et dans lequel chaque chose est forcée d’accepter d’être un volume nul de vide résultant de la pression intense d’être la mauvaise race, la mauvaise classe, et le mauvais sexe – d’où notre invisibilité.»

La présence au même moment à Paris de La Toya Ruby Frazier et d’Abigail DeVille, à l’occasion de leurs expositions respectives à la Galerie Michel Rein, faisait de cette rencontre en public une évidence à laquelle nous ne pouvions faire autrement que de nous rendre.

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Intervenants

Latoya Ruby Frazier
Abigail DeVille

Date
Horaire
19h00
Lieu
Fondation Pernod Ricard
1 cours Paul Ricard
75008 Paris
Entrée libre

Prochainement

À l'auditorium 
Mercredi 22 mai 2024 à 19h

Entretiens sur l'art avec Cindy Coutant

Confiés depuis 2021 à la critique et commissaire Jill Gasparina, les « Entretiens sur l’art » qui, depuis plus de 20 ans, dessinent une formidable collection de paroles d’artistes, scruteront désormais avec attention la matérialité et les conditions d'émergence des œuvres des artistes invités.

À la librairie 
Samedi 25 mai 2024 à 17h

Lancement de Pour des écoles d’art féministes ! 

de 15h à 17h, à Bétonsalon
Lancement de l’ouvrage La Part affective (Paraguay Press) de Sophie Orlando et conversation avec Émilie Renard et Elena Lespes Muñoz.

de 17h à 18h30, à la Fondation Pernod Ricard
Lancement de Pour des écoles d’art féministes ! (2024), ouvrage collectif coédité par l’ESACM et Tombolo Presses
avec T*Félixe Kazi-Tani, Gærald Kurdian, Sophie Lapalu, Vinciane Mandrin, Michèle Martel, Sophie Orlando, Clémentine Palluy, Émilie Renard et Liv Schulman.