Gianni Motti

Gianni Motti vit et travaille à Genève, où il mène une vie exemplaire. Il est un hacker de la réalité. Il s’approprie un événement – un tremblement de terre, un match de foot, une réunion de l’ONU, une liposuccion de Berlusconi – et, comme un terroriste, le revendique auprès des agences de presse. Tel un virus, il détourne les réseaux mondiaux au service de son projet, s’insère dans leur flux continuel de données et délègue au rédacteur anonyme la réalisation du document attestant de l’effectivité de sa « performance ». Il apparaît dans un roman de Houellebecq ou dans l’émission de télévision Paris Dernière avec la même force d’évidence et d’incongruité tout à la fois, en s’y faisant accepter par la placidité, le flegme et l’humour de ses interventions. Avec un don inédit d’ubiquité, aidé de ses innombrables Gianni Motti Assistants, il multiplie les interventions pour être toujours là où on ne l’attend pas, au bon moment et au mauvais endroit. Tout l’art de Gianni Motti consiste à obtenir un maximum d’effets avec un minimum de moyens. Tout part chez lui d’une volonté d’être actif au sein du réel, en se déplaçant du centre de l’art vers des mondes parallèles avec la même curiosité pour le fonctionnement des structures. Son activité intègre des choses qui échappent le plus souvent à l’art. Il invite la réalité sociale, politique et économique à entrer comme par effraction au sein des expositions. Cette ouverture produit des récits, qui lui échappent et déplacent toujours son expérience ailleurs. Là où il trouvera encore une nouvelle opportunité de s’instruire de l’imprévisibilité de la vie. Gianni Motti travaille in situ et in vivo : en considérant le monde comme un grand laboratoire de possibles. Il met les institutions humaines et les individus face à leurs propres vérités. Il replace l’activité artistique au cœur de la société.

BIOGRAPHIES

Gianni Motti
Gianni Motti expose actuellement au centre d’art la Synagogue de Delme  jusqu’au 15 septembre. Il est représenté à Paris par la galerie Bugada & Cargnel

Pascal Beausse 
Pascal Beausse est critique d’art. Il enseigne l’histoire de l’art à l’École Nationale des Beaux-Arts de Lyon et à l’École Cantonale d’Art de Lausanne. Commissaire d’exposition indépendant, il a récemment présenté Void Has No Exit à Creative Union Hiroshima, The Clearing à la Triennale de Prague, et Leo Fabrizio – Dreamworld à la Salle de bains.