Évènement

Hugues Reip

Mardi 22 mai 2018 à 19h

L’art de Hugues Reip (qui rime avec Irma Vep) suggère un héros de fiction, léger et acrobatique Fantômas qui pratique l’évasion comme sport artistique. Carton d’enfance : l’invitation de sa nouvelle exposition L’Évasion* au Crédac figure une photo en noir et blanc d’un garçon d’une dizaine d’années sur des skis.

Ses œuvres, installations, films, dessins constituent des « mini mondes » fantastiques qui ni ne créent pas, ni n’imposent une ambiance cohésive ou immersive. À l’instar du massif de terre planté de fleurs artificielles, Eyeland, les œuvres de Reip sont des îlots, ce qui ne signifie nullement qu’elles soient solitaires. Les Black Sheeps, petites mottes de poussière truffées de papillons et de champignons de papier, tournent chacune sur elles-mêmes au ras du sol, formant un troupeau épars et une interprétation humoristique et ornée de l’Élevage de poussière de Duchamp.

Reip est un fabricant d’images, artisan de machines et d’artifices ostensiblement modestes. Ses œuvres distillent un enchantement efficace quoique modeste dans leur économie de moyens ; son économie tient du dandy, d’une élégance du peu : ses toutes premières sculptures portatives composent une exposition domestique sur table formica. Son art évoque plutôt Le Manège Enchanté, il tourne le dos aux machineries qui absorbent le regardeur et entravent la projection – c’est ce que Barthes reprochait au cinéma.

L’art de Reip est un art de projection qui prend des formes variées : film, diorama, dessins collages, décor, celui-ci se réduisant parfois à un objet unique comme le rocher (L’Orque). Reip explore un imaginaire psychotrope, onirique, un univers d’images par ailleurs familières. Dans ses dessins-collages par exemple, on décèle, sans les identifier, des éléments symbolistes, surréalistes, japonistes, on y voit du Odilon Redon, du Max Ernst, du Öyvind Fahlström, des illustrations scientifiques, des Ukiyo-e. En effet, ses œuvres conversent avec des artistes vivants (François Curlet, Rodolphe Burger) ou morts (William S. Burroughs, Oskar Fischinger, Öyvind Fahlström), auxquels il rend parfois hommage. Il a ainsi réalisé un petit diorama inspiré d’un rêve de Joseph Cornell (Dreaming out of Windows – d’après Joseph Cornell’s Dreams, 18 décembre 1965). Pourtant, ce n’est pas un art de référence ; Reip montre simplement qu’il voit à travers l’art des artistes qui l’ont précédé. Toute projection est rétroprojection. C’est aussi ce que semble nous signifier l’œil de Eyeland qui observe l’apparition florale violemment éclairée.

Hugues Reip nous fera donc découvrir quelques-uns des artistes, musiciens, écrivains, cinéastes, qui l’accompagnent dans son travail.

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Date
Horaire
19h00
Lieu
Fondation Pernod Ricard
1 cours Paul Ricard
75008 Paris
Entrée libre

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