Évènement

Le monde d’après : critique de la raison prophétique. S’inspirer, respirer

Lundi 19 octobre 2020 à 18h30

Entre état des lieux du monde actuel et esquisse d’un nouveau monde, comment la philosophie peut-elle nous aider à éclairer le sens et l’essence du « monde d’après » ? Comment mettre en œuvre de nouvelles solidarités et de nouveaux modes de cohabitation entre les espèces vivantes sous toutes leurs formes ? Peut-on réapprendre à mener une vie libérée de la peur ?

 

 

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Le « monde d’après », rêvé ou mythtifié, absolu ou relatif, pensé comme une reprise ou comme une répétition, nous obsède depuis sept mois.

Durant ces sept mois de réflexions, des centaines de penseurs, conscients de vivre une crise de civilisation, se sont mobilisés pour imaginer un autre monde, libéré de ses vices actuels. La crise du Coronavirus a suscité en effet dans le champ intellectuel une multitude d’analyses et d’interventions, toutes centrées sur l’urgence de repenser le « monde d’après ».

Penser « l’après » au cœur de l’incertitude : cette aspiration partagée visant à tenter de dégager un nouvel horizon au moment même où la pandémie plombait les vies restera même l’un des traits les plus forts de la traversée de la crise du Coronavirus au printemps dernier.

Jamais dans l’histoire récente, n’a t-on pu lire autant de tribunes collectives, de textes savants, de prophéties et prospectives creusant la possibilité de réinventer un monde dont plus personne ne pouvait désormais se satisfaire.

Chacun mesurait bien au cœur de l’événement pandémique que la fragilité des existences brutalement révélées aux yeux de tous appelait à une transformation inévitable des principes et des modes d’organisation du monde économique et social. L’émergence des maladies infectieuses, a-t-on compris avec le Covid-19, est directement liée à notre emprise grandissante sur les milieux naturels, caractérisée par la déforestation, la mise en contact des animaux sauvages chassés de leur habitat naturel avec des élevages domestiques dans des écosystèmes déséquilibrés, et l’accélération des chaînes de transmission offertes à des agents infectieux. C’est notre manière d’habiter qui est en crise. Et notamment par son aveuglement constitutif au fait qu’habiter, c’est toujours cohabiter, parmi d’autres formes de vie.

La pandémie s’est ainsi imposé comme un fait social total et s’apparente à ce que Bruno Latour appelle « un crash-test pour le monde ». La profusion des textes a aussi révélé qu’une vraie révolution de la pensée politique était en cours ; celle-ci, espérait Philippe Descola, pourrait même être « d’une même ampleur que celle réalisée par la philosophie des Lumières, puis par les penseurs du socialisme ».

Comme le signalait un graffiti repéré sur les murs de Hongkong au printemps, « nous ne pouvons revenir à la normale, parce que cette normalité était précisément le problème ».

« Après », cela devrait donc être forcément différent, repensé, réajusté, à moins de faire le deuil d’un monde solidaire, protecteur, habitable, convivial.

Mais, huit mois plus tard, a-t-on vraiment le sentiment que des nouvelles Lumières sorties des ténèbres du confinement nous guident vers un après rêvé ? Sommes-nous capables de saisir cet événement, c’est à dire à la fois de le comprendre et d’en faire quelque chose ?

Deux philosophes inspirés et inspirants, Joëlle Zask et Michael Foessel, s’inscrivent aujourd’hui, chacun à sa manière, dans ce champ foisonnant de la pensée critique, en cherchant précisément à partir d’une réflexion sur le présent de nos sociétés, à dessiner des voies d’émancipation possibles, mais aussi à en révéler les impasses tenaces.

L’un et l’autre questionnent les fondements et les modes d’organisation déréglés de nos démocraties, et défendent la nécessité d’une démocratie plus sociale, participative, plus démocratique en somme.

Joëlle Zask est l’auteure de plusieurs ouvrages … – Zoocities, des animaux sauvages dans la ville, Quand la forêt brûle, penser la révolution écologique,  Quand la place devient publique,  La démocratie au champs, Art et démocratie : les peuples de l’art… – Par ses travaux questionnant à la fois l’écologie, les feux, le vivant, la démocratie, la particpation, la ville, l’art, le pragmatisme…, elle porte sur le moment que nous traversons un regard circulaire et global, permettant de mieux comprendre les ambivalences et les espérances de ce fameux monde d’après.

Michaël Foessel, philosophe, auteur de nombreux essais réflexifs sur les impasses et les périls de notre époque – Récidive, 1938, La Nuit, Le temps de la consolation, Après la fin du monde, critique de la raison apocalyptique, Etat de vigilance… – semble se méfier de cette profusion de textes annonçant la fin du capitalisme, comme si ce que les révolutions politiques n’avaient jamais réussi à faire, le virus le ferait, lui, enfin. N’est-ce pas une erreur de penser qu’un évenement naturel pourrait mettre à bas un mode de production ? Mais, comment intégrer l’événement naturel dans le cadre de la réflexion politique ?

 

 

 

Intervenants

Jean-Marie Durand, Joëlle Zask, Michaël Foessel

Date
Horaire
18h30
Lieu
Fondation Pernod Ricard
1 cours Paul Ricard
75008 Paris
Entrée libre

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