Évènement

«Les Archipels réinventés», 10 ans du Prix Fondation d'entreprise Ricard

Mercredi 14 octobre 2009 à 18h28

IMAGES DES OEUVRES

 

MUSÉE, NIVEAU 4

L’exposition Les Archipels réinventés présente, pour la première fois, l’ensemble des oeuvres récompensées par le Prix Fondation d’entreprise Ricard, qui fête cette année son dixième anniversaire. Depuis 1999, le Prix Fondation d’entreprise Ricard récompense chaque année un artiste représentatif de la jeune scène française. Cette exposition anniversaire illustre cet engagement relayé depuis l’origine par le Centre Pompidou qui, grâce à cette étroite collaboration, enrichit les collections d’art contemporain du Musée national d’art moderne.

L’exposition Les Archipels réinventés rassemble les dix oeuvres entrées dans les collections du Musée national d’art moderne depuis la création du Prix Fondation d’entreprise Ricard et donne à voir une génération d’artistes à la manière d’un archipel à explorer. Les oeuvres exposées sont autant d’« îlots» à revisiter, du Polder (2001) de Tatiana Trouvé au Cosmos (2001) de Boris Achour, de la Devils Tower Satellite (2005) de Loris Gréaud au 7e Continent (2001) de Berdaguer et Péjus, de la tour miniature de Didier Marcel aux corps tagués de Natacha Lesueur, du Mobile Information Stand For Moneyback Products (International Version) (1999) de Matthieu Laurette aux chemins de traverse des Shortcuts (2004) de Mircea Cantor, du Unwinding (Corridor) (2006) de Vincent Lamouroux au vaisseau Padova (2008) de Raphaël Zarka.
Ces oeuvres attestent du renouvellement des formes plastiques en France au cours de la dernière décennie. Il s’agit également de faire résonner les propositions critiques des différents commissaires d’exposition soutenus par la Fondation d’entreprise Ricard, qui, en sélectionnant ces artistes, ont contribué à dessiner les contours de cette scène émergente et à mettre en évidence les enjeux qui la traversent.

Bande annonce de l’exposition

PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION ET DES 10 LAURÉATS DU PRIX DE LA FONDATION D’ENTREPRISE RICARD

Citations extraites du catalogue Les Archipels réinventés, Éditions du Centre Pompidou, Paris, 2009

Empruntant à la partition des Archipels du compositeur André Bouchourechliev son titre et sa cartographie, cette exposition propose, à travers les dix oeuvres récompensées par le Prix Fondation d’entreprise Ricard, un regard sur une génération d’artistes qui s’est épanouie en France depuis 10 ans.

Cette exposition propose d’aborder ces oeuvres comme de nouveaux territoires à explorer et revisiter. Il s’agit également de faire résonner la lecture et les propositions des critiques et commissaires d’exposition soutenus par la Fondation d’entreprise Ricard, qui – en sélectionnant ces artistes dans leurs expositions – ont contribué à dessiner les contours et à souligner les enjeux de cette scène française en plein essor.

1999 Didier Marcel
Sans titre,
1999

Né en 1961 à Besançon, vit et travaille à Dijon, représenté par la galerie Michel Rein. « Des troncs d’arbres amputés aux tableaux de terre labourée, en passant par les séries de maquettes, Didier Marcel prélève des éléments de notre environnement pour en dresser un inventaire. Il s’agit d’un réel en démonstration, soigneusement esthétisé pour en modifier la perception. La maquette Sans Titre, lauréate du Prix Ricard illustre parfaitement cet intérêt pour la mémoire. Tirée de l’observation de la Tour Boucry construite en 1974 dans le 18ème arrondissement de Paris, cette oeuvre marque le début du travail de l’artiste autour des maquettes. «Ce qui me fascine dans le réel, quand je regarde un bâtiment, c’est aussi sa qualité de signes, de signes sur un territoire en quelque sorte si bien que j’ai fait des expositions où il n’y avait que des maquettes, 5 ou 6, 10 souvent, et donc on assistait à la reconstitution d’une sorte de paysage, constitué de maquettes très différentes, et qui nous renvoyait à ce qu’est notre réalité ».

2000 Natacha Lesueur
Sans titre,
1999

Née en 1971 à Cannes, vit et travaille à Paris. « Natacha Lesueur justifie son utilisation de la photographie par ce qu’elle nomme sa « duplicité », à savoir sa capacité à non seulement authentifier et révéler la réalité, mais aussi à la cacher. […] La force de Natacha Lesueur réside dans sa capacité à provoquer des émotions contradictoires à l’aide de nombreux codes insinués, semés d’embûches, afin de creuser plus profond dans notre relation physique et psychologique avec le monde contemporain. » L’oeuvre Sans titre, entrée dans les collections du Musée national d’art moderne grâce au Prix Ricard 2000, réunit « trois photographies montrant chacune un corps de femme nu ou dénudé sur un lit ou un sofa. Leurs visages sont cachés; […]. Le décor minimal, la lumière froide et l’identité cachée de ces femmes imposent une certaine distance au spectateur, dont le regard n’est invité à se poser nulle part, aucune émotion ni indice quant à leur histoire ne lui étant offert. L’espace d’un instant, le spectateur devient détective, face à la neutralité de ces scènes, dont il tente en vain d’imaginer les potentiels scénarii. »

2001 Tatiana Trouvé
Polder,
2001

Née en 1968 à Cosenza (Italie), vit et travaille à Paris, représentée par la galerie Emmanuel Perrotin. « Polder. Le titre générique donné par Tatiana Trouvé à un ensemble d’oeuvres de même nature ou de même échelle que l’installation récompensée par le Prix Ricard en 2001, pourrait aussi servir à nommer ou délimiter les contours d’une oeuvre qui construit des mondes, des espaces autres et qui, à l’instar des polders inventés par les ingénieurs hollandais, essaie de gagner un espace par un autre, qui peut être invisible ou caché. » L’oeuvre de Tatiana Trouvé reste inclassable mais s’applique à créer un univers désarçonnant le spectateur, le plongeant dans un temps en suspens.

2002 Boris Achour
Cosmos,
2001

Né en 1966 à Marseille, vit et travaille à Paris, représenté par la galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois. L’activité principale de Boris Achour est de détourner les signes de notre culture commune, de notre langage quotidien afin d’amener à un questionnement sur l’identité individuelle. « L’oeuvre offerte par la Fondation d’entreprise Ricard est une des premières sculptures de l’artiste et inaugure une approche plus plastique de sa pratique […] Les éléments qui constituent Cosmos (la BD, un tube de l’été, le monde de l’enfance) nous sont familiers, mais leur association crée un univers étrange, énigmatique,
déstabilisant. » C’est cette décontextualisation qui crée le décalage, le sentiment de malaise souhaité par l’artiste.

2003 Matthieu Laurette
Stand for Money back Products,
1999

Né en 1970 à Villeneuve-Saint-Georges, vit et travaille à Amsterdam et New York, représenté par la galerie Denis Gaudel de Stampa. « […] Matthieu Laurette est devenu célèbre en parvenant à vivre grâce aux produits offerts par les supermarchés ou découlant de stratégies marketing de grands groupes industriels, d’offres promotionnelles telles que « satisfait ou remboursé »[…]. Ayant perfectionné une méthode de consommation visant à se faire rembourser l’intégralité des sommes dépensées, l’artiste communique celle-ci au public par la télévision, la presse, des fascicules distribués dans la rue, des stands d’informations temporaires lors d’expositions […]. À la fin des années 1990, il commence à apparaître régulièrement sur les écrans de télévision, d’abord en tant que spectateur dans la foule, puis en tant que participant enthousiaste d’émissions populaires. […] Mobile Information Stand for Money back Products (1999) est autant le sommaire que le manifeste visuel de cette activité. Cette pièce est constituée d’agrandissements d’encarts de presse, de fascicules, d’un écran montrant en boucle les apparitions télévisées de l’artiste, ainsi que d’une vitrine contenant des exemples de produits remboursés provenant d’Europe et des États-Unis. »

2004 Mircea Cantor
Shortcuts
, 2004

Né en 1977 à Oradea (Roumanie), vit et travaille à Paris, représenté par la galerie Yvon Lambert. Mircea Cantor a grandi durant la période communiste, ce qui lui permet de porter aujourd’hui un regard critique sur les rapports de pouvoirs en place. En utilisant des médiums variés, il développe un travail autour de la notion d’idéologie qui fait basculer la représentation première et immédiate que l’on se fait du réel. Ce qui semblait acquis est remis en question, la réalité semble en mutation constante refusant un positionnement clair. Mircea Cantor aime traiter de sujets sociopolitiques ou économiques mais toujours à travers un univers poétique. « Le triptyque photographique Shortcuts, 2004, saisit les chemins de traverse, invitation à la dérive urbaine dans les « non-lieux » périphériques de sa ville natale d’Oradea en Roumanie. Ces sentiers, chemins incertains que trace l’homme, témoignent de sa vision poétique du raccourci et l’importance dans son oeuvre de la notion de déplacement, comme autant de refus d’une voie prédestinée. »

2005 Loris Gréaud
Devil’s Tower Satellite,
2005

Né en 1979 à Eaubonne, vit et travaille à Eaubonne, représenté par la Galerie Yvon Lambert, met en oeuvre des structures narratives impliquant une démultiplication spatio-temporelle. Tissant des liens ouverts entre ses différentes pratiques, il crée la possibilité d’un déplacement physique, mental. « La trajectoire et les modalités d’apparition et d’exposition de Devil’s Tower Satellite, 2005, sont exemplaires de la capacité de l’artiste à générer une atmosphère fictionnelle.
Cette sculpture en résine noire encastrée dans une remorque, est une réplique miniature de la montagne du Wyoming. […] Conférant une mobilité à cette forme, l’arrachant à son origine géologique, mythologique et fictionnelle, pour la faire circuler tractée par une voiture dans un espace et une réalité autres, les rues de Paris, il s’agit de «prendre un fragment d’une fiction,
et le propulser dans notre réalité  » afin que l’oeuvre à nouveau se charge d’histoires, devienne, selon le projet de l’artiste un espace poreux, une forme mobile, objet non identifié, générant d’intrigants phénomènes d’apparition. »

2006 Vincent Lamouroux
(Unwinding) Corridor,
2006

Né en 1974 à St Germain en Laye, vit et travaille à Paris, est représenté par la galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois.
« Les oeuvres de Vincent Lamouroux sont d’abord des expériences physiques. Que ce soit le terrain instable du sol d’une galerie, une grille accrochée au plafond juste au-dessus de la tête des visiteurs, ou des montagnes russes construites en spirale à travers un espace d’exposition, toutes ses créations impliquent le corps et le projettent dans un monde imaginaire. Ses installations se caractérisent par une pureté sculpturale et sont invariablement créées pour un lieu spécifique, dont l’architecture devient un tremplin pour la création d’un univers minimal et cinématique. C’est le cas de la pièce pour laquelle le Prix Ricard 2006 a été attribué à l’artiste. (Unwinding) Corridor (2006) est constitué d’une série de cinq cadres de néons articulés autour de l’angle d’une pièce. La lumière blanche, presque aveuglante, des néons contraste avec un fond monochrome noir. En fonction de la position du regard, la forme et la longueur des cadres semblent changer, s’ouvrant et se refermant selon que le visiteur s’en éloigne ou s’en rapproche, en une métamorphose architecturale perpétuelle. « 

2007 Christophe Berdaguer & Marie Pejus
7ème Continent,
2001

Christophe Berdaguer et Marie Péjus, respectivement nés en 1968 et en 1963, vivent et travaillent à Marseille, et sont représentés par la galerie Martine Aboucaya. Ils poursuivent, depuis la moitié des années 1990, une recherche plastique fortement liée à l’architecture et centrée sur l’analyse de l’environnement, la production de projets d’habitat ou d’aménagement d’espaces. « 7ème continent, 2001, demi-sphère lumineuse, qui reproduit le spectre de la lumière solaire, propose un ersatz de soleil en utilisant des lampes fluorescentes utilisées dans les sous-marins tout en démontant les ressorts d’une communauté utopique avec ce qui apparaît comme un avatar électronique et perverti du feu de camp archétypal. Cette micro-architecture insulaire est inspirée par un récit métaphorique du critique d’architecture Reyner Banham, au cours duquel une tribu nomade s’arrêtant en bivouac doit choisir entre deux alternatives, faire un feu de camp ou construire un abri. L’option choisie, faire un feu, permet ainsi de créer un espace où la communauté peut se rassembler, une architecture mentale qui produit des effets physiologiques sur les individus. »

2008 Raphaël Zarka
Padova,
2008

Né en 1977 à Montpellier, vit et travaille à Paris, représenté par la galerie Michel Rein. « Raphaël Zarka procède à des recherches approfondies, notamment dans le champ des sciences physiques, pour créer des oeuvres qu’il définit comme des « sculptures documentaires », en cela qu’elles s’inspirent d’objets préexistants et sont donc plus figuratives qu’abstraites. Padova (2008) est la réplique d’un instrument scientifique imaginé par Galilée pour étudier la chute des corps et leur accélération le long d’un plan incliné. L’instrument original n’ayant pas été retrouvé, c’est un artisan du début du XIXe siècle qui l’a reconstitué. Raphaël Zarka a gardé la structure et les proportions de l’objet – conservé au Musée des sciences de Florence – tout en l’épurant de ses aspects décoratifs pour en faire une grande sculpture triangulaire longiligne, pure, sobre et élégante. Cet intérêt pour la mécanique des corps provient de sa pratique et de son étude du skate-board, sujet sur lequel l’artiste à écrit deux ouvrages. D’un point de vue formel d’abord, Padova renvoie au type de structure recherchée par les skateurs pour exercer leurs figures. Mais le skate-board, comme les recherches galiléennes, est aussi une expérimentation du mouvement et de l’équilibre et un défi aux lois de la gravité. »

LES ARCHIPELS RÉINVENTÉS
Emma Lavigne

[…] À l’instar de la vidéo de Mircea Cantor, The Landscape is Changing (2003), qui met en scène des manifestants brandissant en guise de pancartes des miroirs démultipliant une réalité et un futur « imprévisibles », la scène artistique émergente, telle qu’elle a notamment été articulée par les commissaires d’exposition invités par la Fondation Ricard, se singularise davantage par l’effervescence de propositions plastiques. Elles affrontent, souvent avec jubilation – sensible dès les premières expositions, Propice de Catherine Francblin en 1999 et Prodige de Robert Fleck en 2000 -, parfois avec un certain scepticisme – Propaganda de Pascal Beausse en 2003, Incipit de Charlotte Laubard en 2006, ce temps des prémisses, des gestes inauguraux, des commencements nécessaires à la prise de position ou à la délimitation d’un territoire. Nicolas Bourriaud rappelle dans son exposition La Consistance du visible (2008) « qu’une oeuvre s’apparente à une expédition » et que les artistes « sont des navigateurs ». La cartographie de cette jeune scène de l’art en France emprunte ses contours à la forme ouverte de l’archipel plus qu’à une circonscription continentale mise à mal par l’inexorable processus de globalisation. « La pensée archipélique convient à l’allure de nos mondes », analyse Édouard Glissant. «Elle en emprunte l’ambigu, le fragile, le dérivé. Elle consent à la pratique du détour, qui n’est pas fuite ni renoncement. Elle reconnaît la portée des imaginaires de la Trace, qu’elle ratifie » .
L’insularité exemplaire de Paul Ricard, qui transforma en 1950 le rocher désertique et abandonné de l’île de Bendor en une terre de villégiature pour de nombreux artistes, a été une brèche, une filiation souterraine permettant d’arrimer les oeuvres récompensées par le Prix Ricard à un substrat primordial, à cette terre insulaire – qu’elle soit réelle ou fictive – à l’origine de ce dialogue fécond avec l’art
et la création. […]
Il s’agit d’aborder ces oeuvres, de la tour Sans titre de Didier Marcel au Polder de Tatiana Trouvé et au Cosmos de Boris Achour, du 7ème Continent de Berdaguer & Péjus, à la Devil’s Tower de Loris Gréaud, et au vaisseau de bois Padova de Raphaël Zarka, du Stand d’information mobile sur les produits remboursés – Version internationale de Matthieu Laurette, aux photographies Sans titre de corps solitaires tagués de Natacha Lesueur, le temps de leur rassemblement, comme un archipel à explorer ou revisiter. « De la même manière que, selon Heidegger, l’oeuvre d’art dresse un monde, la mer délimite un monde. La mer, en tant qu’isolateur, fait apparaître un monde-maquette », compare Peter Sloterdijk, dans Écumes où il consacre un chapitre, « Insulations », aux îles qu’il départage en îles absolues, atmosphériques ou anthropogènes. Plutôt qu’un laboratoire disséquant la genèse des stratégies plastiques les plus contemporaines, l’Espace Paul Ricard, dans ses limites spatiales même, évoque peut-être davantage une matrice, un réceptacle d’idées et de propositions permettant leur germination, un espace essentiellement hétérotopique, encourageant les plans d’évasion, au gré d’expositions qui, de Prosismic à Dérive, d’Offshore à La Consistance du visible, inventent des microcosmes. Matthieu Mercier dans son invitation à la « dérive » rassemble des oeuvres qui réactivent tout autant qu’elles la déjouent la nostalgie des paradis perdus, d’une nature archaïque, alors que d’autres anticipent délibérément l’avenir d’une nature «synthétique ». Dans un exercice littéral remarquable, autant scénographié que scénarisé, Jean-Max Colard propose un « monde-maquette », une plate-forme « Offshore », île imaginaire investie par une dizaine d’artistes, «land-art miniature» ou « paysage volontiers loufoque, étrange, incohérent, contradictoire, dislogique » selon les mots du commissaire, hanté par le Livre des îles. Atlas et récits insulaires (du XVe au XVIIIe siècle) de Franck Lestringant. […]
Dans un monde global, holistique, engendrant une société fermée et «unidimensionnelle», telle qu’elle est stigmatisée par Herbert Marcuse, de nouvelles insularités se forment qui ne sont plus géographiques mais urbanistiques ou sociologiques. Olivier Dollfus, dans son ouvrage La Mondialisation, redéfinit l’espace mondial en étudiant l’impact géographique du processus de mondialisation et développe son concept d’ « Archipel mégalopolitain mondial » constitué des principales mégalopoles mondiales, un ensemble d’îles reliées entre elles par des voies de communication réelles et virtuelles. De sorte que tous les points de ce vaste archipel deviennent équivalents et communément accessibles. Pour Lieven de Cauter et Michiel Dehaene, «l’Archipel [est] le lieu du ban, tableau de la ville désastre […]. [Notre espace spatial se fragmente et ressemble de plus en plus à un archipel.] En outre, l’îlot lui-même se désintègre pour s’archipéliser. L’ordre spatial de l’archipel pourrait se transformer en poupée russe, sous forme d’archipels enchâssés dans des archipels de plus grande taille ». Alors que Rem Koolhaas décrit ce qui peut subsister des expériences esthétiques dans la Ville générique – cette « ville débarrassée de la camisole de force de l’identité « , ce « lieu discret et mystérieux comme un vaste espace éclairé par une lampe de chevet » – comme des phénomènes « quasi imperceptibles : variations infinitésimales de couleur dans l’éclairage au néon d’un immeuble de bureaux juste avant le coucher du soleil, jeu subtil des nuances de blanc sur une enseigne lumineuse la nuit « , l’Archipel mégalopolitain mondial n’en continue pas moins d’engendrer des incarnations plastiques. Certaines expositions s’en sont fait la caisse de résonances, de la proposition de Hans Ulrich Obrist et Hou Hanru, «Cities on the Move» en 1997, à Airs de Paris au Centre Pompidou en 2007 sous le commissariat de Christine Macel, Daniel Birnbaum et Valérie Guillaume, et sans vouloir réduire leur polysémie, certaines des oeuvres récompensées par le Prix Ricard participent de cette interrogation épistémologique sur cet espace urbain en mutation. […]
La présentation des dix oeuvres récompensées par le Prix Ricard, qui conservent de manière nécessairement métonymique la mémoire des expositions qui ont contribué à leur reconnaissance, loin de chercher à former un nouveau territoire sémantique, ne tend qu’à réactiver, à travers ce catalogue, les chemins de traverse (dérive, plateforme offshore, cosmos, polder ou nouveau continent…), emprunté par les « navigateurs » de ce paysage imaginaire, de cet archipel mouvant, qui participent, à travers leur pensée critique et leur oeuvre, à cette interrogation formulée par Peter Sloterdijk dans son analyse les conditions dans lesquelles l’homme peut rendre le monde habitable. « Où sommes-nous lorsque nous sommes dans le monde? On peut apporter une réponse contemporaine et compétente. Nous sommes dans un extérieur qui porte des mondes intérieurs ».

 

AUTOUR DE L’EXPOSITION

Forums de société

Une rencontre, Regards croisés sur la jeune scène française, organisée au Centre Pompidou prolongera les réflexions et les croisements dont cette exposition est porteuse.

Modération : Emma Lavigne, Roger Rotmann

Date à préciser

PUBLICATION

Les Archipels réinventés

Éditions du Centre Pompidou
Direction d’ouvrage: Emma Lavigne

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Date
Horaire
18h28
Entrée libre
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Prochainement

À l'auditorium 
Mercredi 22 mai 2024 à 19h

Entretiens sur l'art avec Cindy Coutant

Confiés depuis 2021 à la critique et commissaire Jill Gasparina, les « Entretiens sur l’art » qui, depuis plus de 20 ans, dessinent une formidable collection de paroles d’artistes, scruteront désormais avec attention la matérialité et les conditions d'émergence des œuvres des artistes invités.

À la librairie 
Samedi 25 mai 2024 à 17h

Lancement de Pour des écoles d’art féministes ! 

de 15h à 17h, à Bétonsalon
Lancement de l’ouvrage La Part affective (Paraguay Press) de Sophie Orlando et conversation avec Émilie Renard et Elena Lespes Muñoz.

de 17h à 18h30, à la Fondation Pernod Ricard
Lancement de Pour des écoles d’art féministes ! (2024), ouvrage collectif coédité par l’ESACM et Tombolo Presses
avec T*Félixe Kazi-Tani, Gærald Kurdian, Sophie Lapalu, Vinciane Mandrin, Michèle Martel, Sophie Orlando, Clémentine Palluy, Émilie Renard et Liv Schulman.