Lili Reynaud-Dewar, «Live through that ?!», au New Museum, New York, USA.
Exposant pour la première fois dans un musée américain, Lili Reynaud-Dewar
a conçu pour cette occasion un nouveau corpus d’œuvres in situ.
Les créations de Lili Reynaud-Dewar se présentent comme des décors élaborés
pour des mises en situation où elle scénographie, le plus souvent, un corps
balançant entre vulnérabilité et maîtrise, dans un jeu où s’abolissent les
frontières entre vie publique et vie privée. Elle décline ses œuvres dans
différents médiums : performance, vidéo, installation, environnement sonore ou
littérature ; “Why Should Our Bodies End at the Skin” (2012) et “I Am Intact
and I Don’t Care” (2013), ses deux derniers projets, sont à cet égard
emblématiques. Pour Reynaud-Dewar, ce sont les tensions entre exhibition et
dissimulation qui favorisent la remise en cause des conventions régissant le
corporel, la sexualité, les relations de pouvoir et les espaces
institutionnels. 
Récemment, ses installations ont recréé des espaces domestiques ; ainsi la
série des chambres à coucher conçue l’an passé, où les lits ont été transformés
en sculptures sonores par l’adjonction de haut-parleurs. Pour sa première
exposition personnelle sur le sol américain, ici, au New Museum, Reynaud-Dewar
propose avec “Live Through That?!” une nouvelle version de cette série. Parmi
toutes les pièces présentées, il y a notamment quatre vidéos, tournées in situ,
une pour chacun des étages du musée ; elle se filme, solitaire, exécutant des
pas de danse dans les galeries vides de toute œuvre entre deux expositions, jouant
à disparaître sur le fond des murs vierges. S’amusant de l’oxymore d’une
intimité exhibée, elle rend en même temps hommage à la célèbre série de Bruce
Nauman — “Art Make-Up” (1967-1968) —, dans laquelle l’artiste recouvrait son
propre corps de couches de maquillage de différentes couleurs : blanc puis
rose, puis vert, et finalement noir. Reynaud-Dewar reprend chacune des couleurs
utilisées successivement par Nauman, une pour chaque étage du musée.
Les vidéos sont visibles dans la Lobby Gallery, avec ses dernières sculptures-lits
; tout autour, les murs sont couverts de rideaux reprenant le code couleur des
vidéos ; des chapitres entiers du livre de Guillaume Dustan In My Room (1996) sont
imprimés sur ces rideaux, trempés dans de l’encre noire à mi-hauteur. En
collaboration avec Macon, musicien, qui a composé un morceau spécialement pour
cette nouvelle œuvre, Reynaud-Dewar a également incorporé à la bande-son de ses
Lits des lectures des extraits du livre provocant et explicitement sexuel de
Dustan. Tout comme l’exhibition de son propre corps en vidéo — il est nu sous
la couche de maquillage —, la littérature en général, et l’écriture des mots en
particulier représentent pour l’artiste une voie privilégiée lui permettant de
médiatiser ses expériences intimes, d’installer le recul nécessaire vis-à-vis
de sa réflexion personnelle. C’est ainsi qu’elle a procédé pour cette
exposition, et c’est dans cette direction que s’engagent ses travaux à venir.
L’exposition “Lili Reynaud-Dewar: Live Through That?!” se tient dans la
Lobby Gallery du 15 octobre 2014 au 25 janvier 2015. Le travail curatorial est assuré
par Helga Christoffersen, commissaire adjointe du Musée. Un catalogue accompagne l’exposition. Il propose également un entretien
avec l’artiste, ainsi que des contributions de Pierre Bal-Blanc et Karl
Holmqvist.
Lili Reynaud-Dewar est née à La Rochelle (France) en 1975. Elle vit et
travaille à Grenoble. Ses expositions personnelles et ses projets ont été
exposés à l’Index de Stockolm (2014) ; à l’Outpost de Norwich, en Angleterre
(2014) ; aux Frieze Projects de Londres (2013) ; au Consortium de Dijon (2013)
ainsi qu’au Magasin de Grenoble (2012), en France ; et à la Kunsthalle de Bâle
(2010). Elle a également participé à de nombreuses expositions collectives
internationales : 12e Biennale de Lyon (2013) ; Triennale de Paris (2012) ; et
5e Biennale de Berlin (2008), entre autres. Elle a exposé par ailleurs dans des
lieux prestigieux comme le Witte de With de Rotterdam, aux Pays-Bas (2014) ; le
Studio Museum de Harlem, à New York (2013) ; et la Fondation Generali de
Vienne, en Autriche (2012). Avec Dorothée Dupuis et Valérie Chartrain, elle a
fondé en 2011 le journal féministe Pétunia ; la même année, elle a également
cofondé l’école expérimentale Baba avec un groupe de collaborateurs ; en 2013,
elle a été la lauréate du prix de la Fondation d’Entreprise Ricard. Elle est
titulaire depuis 2010 d’un poste de professeur à la Haute Ecole d’Art et de
Design de Genève.  
 
               
               
               
               
               
               
               
              