Évènement

S'inspirer, respirer Féminisme : la nouvelle vague mondiale emportera-t-elle l’ordre patriarcal ?

Jeudi 12 mai 2022 à 19h

Rendez-vous dédié aux débats de société, le cycle « S’inspirer, respirer » conçu par le journaliste et auteur Jean-Marie Durand s’attarde sur les impasses, environnementale, sociale, raciale, démocratique, entre autres, autour desquelles se noue notre époque.

Le mouvement #MeToo, suite à l’onde de choc planétaire de l’affaire Weinstein en 2017, a incontestablement réveillé un intérêt général pour le féminisme : une parole s’est libérée à l’échelle du monde. Une parole qui était individuelle et peu audible est devenue collective et entendue. Même si elles ne sont pas inscrites dans des groupes militants, les femmes peuvent, grâce à un like ou un hashtag, revendiquer publiquement leur engagement et participer à une mobilisation politique globale. Ce mouvement a ainsi scellé l’unité de la « troisième vague féministe » autour de la lutte contre les violences faites aux femmes, comme le droit de vote avait fédéré la première vague féministe au début du 20ème siècle et l’avortement dans les années 1960-70, la deuxième vague.

En rendant visible la multiplicité des expériences personnelles, les réseaux sociaux ont facilité l’appropriation ordinaire du féminisme. Si la première vague croyait à la transformation juridique de la condition féminine, la deuxième à la révolution des mentalités, la troisième entend mettre fin à l’oppression patriarcale.

La force des féminismes actuels ne tient donc pas dans un féminisme d’Etat mais dans un féminisme de mouvements. Des mouvements que les institutions politiques (partis, Etats) ont souvent du mal à comprendre. Or, ces mouvements se déroulent dans le monde entier. Notamment dans les pays du sud, où les grèves des femmes, les dénonciations des féminicides et l’écoféminisme précédèrent et annoncèrent le mouvement #metoo. C’est à ce processus d’internationalisation d’un « peuple des femmes » que l’on s’attachera ici avec nos invité-es Fabienne Brugère, Florence Rochefort et Guillaume le Blanc De « Ni Una Menos » en Amérique du sud à #MeToo en Amérique du nord, de l’écoféminisme indien au net-féminisme coréen, de l’apparition des matrimoines à la formation des collages en France…, tous les mouvements d’aujourd’hui donnent raison à l’intervention de l’actrice Adèle Haenel qui en 2019 affirmait que « la prise de parole nous met en commun, fait de nous un peuple ».

Ce peuple, en train d’émerger, reste évidemment fragile. En son sein, il fait place à des positions divergentes, comme ce fut toujours le cas dans l’histoire du féminisme, entre féminisme réformiste et féminisme révolutionnaire. Mais surtout, il se heurte à la résistance d’une masculinité dominante, musclée, voire abusive, contre laquelle il reviendra aussi aux hommes de se lever pour devenir des alliés et inventer ce que la militante américaine bell hooks, disparue l’an dernier, appelait une « masculinité féministe ». Les mobilisations contre les inégalités entre les sexes, pour les droits et les libertés des femmes, sont aussi des combats pour de nouvelles normes de genre.

 

Avec :

Fabienne Brugère, professeur de philosophie féministe et d’esthétique à l’université de Paris 8, est notamment l’autrice de On ne naît pas femme, on le devient (Stock, 2019), L’éthique du care (Puf, 2011)

Guillaume le Blanc, professeur de philosophie sociale et politique à l’université de Paris, a récemment publié L’insurrection des vies minuscules (Bayard, 2020), Vaincre nos peurs et tendre la main ! (Flammarion, 2018).  Il a aussi co-écrit avec Fabienne Brugère La fin de l’hospitalité (Flammarion, 2017)

Florence Rochefort est historienne, chargée de recherche au CNRS, spécialiste de l’histoire des féminismes, des femmes et du genre. Elle est membre de la revue CLIO. Femmes, genre, histoire. Elle a notamment publié, avec Bibia Pavard et Michelle Zancarini-Fournel, Ne nous libérez pas, on s’en charge. Une histoire des féminismes de 1789 à nos jours (La Découverte, 2020).

 

Jean-Marie Durand

 

Image : © Chloe Quennum

© Chloe Quennum
© Chloe Quennum
Intervenants

Fabienne Brugère
Guillaume le Blanc
Florence Rochefort

Date
Horaire
19h00
Lieu
Fondation Pernod Ricard
1 cours Paul Ricard
75008 Paris
Entrée libre

Prochainement

 
Samedi 18 mai 2024 à 16h30
 

Lancement du livre Ecrire un avis

Ecrire un avis de Yoann Thommerel (2023)
Zéro2 éditions
En présence de l'auteur et Patrice Joly, l'éditeur (Zéro2). Au programme : lecture performée suivie d'une discussion avec l'auteur.

À l'auditorium 
Mercredi 22 mai 2024 à 19h

Entretiens sur l'art avec Cindy Coutant

Confiés depuis 2021 à la critique et commissaire Jill Gasparina, les « Entretiens sur l’art » qui, depuis plus de 20 ans, dessinent une formidable collection de paroles d’artistes, scruteront désormais avec attention la matérialité et les conditions d'émergence des œuvres des artistes invités.

À la librairie 
Samedi 25 mai 2024 à 17h

Lancement de Pour des écoles d’art féministes ! 

de 15h à 17h, à Bétonsalon
Lancement de l’ouvrage La Part affective (Paraguay Press) de Sophie Orlando et conversation avec Émilie Renard et Elena Lespes Muñoz.

de 17h à 18h30, à la Fondation Pernod Ricard
Lancement de Pour des écoles d’art féministes ! (2024), ouvrage collectif coédité par l’ESACM et Tombolo Presses
avec T*Félixe Kazi-Tani, Gærald Kurdian, Sophie Lapalu, Vinciane Mandrin, Michèle Martel, Sophie Orlando, Clémentine Palluy, Émilie Renard et Liv Schulman.