Stéphanie Cherpin
Le cycle des "Entretiens sur l’art" donne à entendre la parole d’un.e artiste sur son travail dans des conversations au long cours. Pour ce nouveau rendez-vous, la critique d'art Jill Gasparina reçoit l'artiste Stéphanie Cherpin.
Stéphanie Cherpin fait de la sculpture depuis le milieu des années 2000.
La première période de son travail s’organise autour d’œuvres monumentales, issues de collecte d’objets et de matériaux dans les zones urbaines et périurbaines, et donnant lieu à des opérations contradictoires (décomposition/assemblage, destruction/restauration, violence/douceur, matière/surface, improvisation/contrôle, construction/recyclage…). Ce travail d’assemblage tendu, aussi brutal que décoratif, s’inscrit dans la lignée d’artistes comme Ed Kienholz, Jessica Stockholder, Anita Molinero, ou encore Noah Puryfoy.
À partir du milieu des années 2010, cette sculpture de la rue laisse place à une œuvre dont la subjectivité est plus assumée. La gamme des gestes qu’elle utilise s’étend, des touches pop apparaissent, tandis que les échelles de ses pièces se rapprochent de celle du corps. Cette période correspond à un tournant intime de son travail, qui intègre désormais discrètement des récits personnels et familiaux, des anecdotes, des paroles de chansons, des lectures, et qui se développe de plus en plus en un art du détail. Elle va aussi de pair avec un souci de l’artiste de situer davantage son travail à partir des différentes positions qu’elle occupe en tant qu’artiste (ou en même temps qu’elle produit de l’art). Par exemple, et sans hiérarchie, mais avec une totale pride : femme, enseignante, amatrice de trap et de nail art, quarantenaire, mère, ou habitante d’une petite ville de banlieue parisienne.
Stéphanie Cherpin est née en 1979.
Elle vit et travaille entre Deuil-la-Barre et Marseille.
Photo : Stéphanie Cherpin, Danse sur moi, (2020-2022), (c) Annik Wetter