Sylvie Blocher David Trottin

C’est sur leur manière d’envisager l’évolution du rapport entre les êtres – rapport instauré par ce nouveau régime de la vérité, devenue plurielle – que seront interrogés les invités des prochains  » entretiens sur l’art « .
Le groupe d’architectes  » Périphériques  » et l’agence de Rotterdam MVRDV ont concouru pour la construction du Musée des  » arts premiers « . David Trottin (agence Marin & Trottin) parlera de leur projet : une architecture  » informative « , tenant compte du bouleversement des rapports entre occident et pays en voie de développement et comprenant un million de fenêtres ouvertes sur l’actualité mondiale.
Critique d’origine chinoise, installé à Paris depuis de nombreuses années, Hou Hanru met lui aussi l’accent sur la nécessité, pour les artistes, de créer des espaces faisant écho à la diversité des cultures et des individus. Spécialiste de l’œuvre de l’artiste chinois Huang Yong Ping, qui participa à la dernière biennale de Venise (où il partagea le pavillon français avec Jean-Pierre Bertrand), Hou Hanru observe par exemple que l’utilisation par son compatriote de références propres à la pensée zen ou taoïste est un moyen efficace de combattre l’appropriation et la manipulation de l’Autre qui caractérisent, selon lui, la modernité.
Les propos du critique résonnent avec ceux de l’artiste Sylvie Blocher dont le travail consiste à mettre en évidence la double composante masculine / féminine (ou héroïque / faillible) des êtres humains. Ses portraits intitulés  » Living Pictures  » sont des tentatives d’infiltration du sujet permettant de faire apparaître la part d’altérité enfouie ou refoulée. Les vidéos de cette série comptent notamment un ensemble de portraits de chauffeurs de taxis récemment émigrés au Canada et maîtrisant mal la langue du pays. L’artiste a également filmé des sportifs de haut niveau (tels les membres de l’équipe de football américaine les Tigers, ou le coureur Carl Lewis) qui, au bout de plusieurs heures de tournage, laissent advenir une parole étouffée par les modèles d’autorité du corps social.
Sylvie Blocher a inventé le concept d’Universal Local Art (ULA). Celui-ci peut servir à approcher des pratiques de l’art et de l’architecture qui, tout en étant conçues à l’échelle du monde, s’articulent sur la prise en compte de micro-réalités spécifiques : en d’autres mots sur le nécessaire dialogue du global et du local.