Évènement

Vernissage de "La Traverse #2" avec Taïs Gutin et Alexandre Boiron (collaboration avec l'ESACM)

Mercredi 20 mars 2024 à 19h

La Traverse est un programme d'exposition visant à favoriser la visibilité des jeunes artistes de la scène française. 

Du 20 mars au 11 mai 2024

Vernissage le 20 mars, 19h

Imaginée cette année en collaboration avec l'ESACM (Ecole supérieure d'art de Clermont Métropole, et avec l'accompagnement de la commissaire Chloé Poulain, cette seconde occurrence sera l'occasion de découvrir le travail des artistes Taïs Gutin et Alexandre Boiron.

 

"En filigrane de la pratique de Taïs Gutin et Alexandre Boiron se pose une question d’influence. L’influence de la mémoire sur la perception de ce qui nous entoure. L’influence d’un être sur un autre. Les deux artistes usent du banal pour le confronter à ce qui lui échappe, ce qui se joue entre ses mailles, dans ses interstices. Cette dualité leur permet de créer des espaces où l'intérieur et l'extérieur, le visible et l'invisible, se confondent.

Taïs Gutin considère son travail comme une narration qui s’établit dans l’espace. Elle utilise l’écrit comme un médium qui permet de mettre en tension, de questionner et d’accompagner ses œuvres. Dans ses textes, la frontière entre la mémoire et la fiction est fluide, sondant de multiples strates de lectures. Ils agissent comme des didascalies, 
des apartés, aux objets qu’elle déploie.

Détachées du mur par une excroissance de polystyrène, deux photographies de rouges-gorges nous surplombent. Trouvées sur internet, celles-ci questionnent par leur artificialité, à la fois témoins fidèles et artifices pleins d’étrangeté, puisqu'elles offrent une vue totalement inhabituelle sur un instant d’ordinaire invisible à l’œil humain. Cette vision paradoxale rappelle la 
chronophotographie de Marey et Muybridge, qui dissocie les mouvements en figeant les gestes, permettant à l’invisible d’apparaître nettement. Il en découle des images qui fascinent encore presque un siècle plus tard. Ces deux oiseaux, semblables à des trophées, témoignent de quelque chose qui nous échappe.

La pratique d’Alexandre Boiron est peuplée de métamorphoses où le non-humain s’incarne dans des sculptures organiques et évolutives. Il emprunte à la science, à la pratique du soin, aux mathématiques et à la cuisine pour créer des « espaces de rencontre » propices au développement d'environnements où les entités se répondent et apprennent les unes des autres.

Accroché dans l’espace, un rideau à l’aspect laiteux flotte. Il est le résultat de recherches entreprises par l’artiste autour de nouveaux matériaux. Cet objet convoque le banal, il rappelle un rideau de douche en plastique ayant subi les effets du temps. Créée à partir d’éléments organiques, cette œuvre se transforme progressivement en fonction des conditions environnementales dans lesquelles elle se trouve, se dirigeant inexorablement vers un état autre que nous ne pouvons ni prédire ni gérer. Quelques taches de moisissures ont déjà fait leur apparition, laissant apparaître les micro-organismes se développant à sa surface dans une dynamique croissante et disséminatrice.

Chacun-e à sa manière, Taïs et Alexandre nous parlent d’un rapport entropique à l’autre. La ronde de ces deux rouges-gorges rappelle le vol stationnaire des rapaces qui s’apprêtent à fondre sur leurs proies. Une scène familière 
que nous pouvons apercevoir depuis la fenêtre d’une voiture roulant sur les nationales. Un bref instant dont nous ne voyons que rarement le résultat mais dont nous ressentons toute la tension et l’hostilité. Ils sont, comme on dit, de mauvais augure, nous laissant un sentiment d’impuissance, comme lorsque nous découvrons avec dégoût un matin à la sortie de la douche, que quelques taches de moisissures ont commencé à s’installer."

Chloé Poulain, commissaire.

 

 

Date
Horaire
19h00
Lieu
Fondation Pernod Ricard
1 cours Paul Ricard
75008 Paris
Entrée libre
Alexandre Boiron, Rideau de lait d’amande, Diplôme CCC, Geneva 2022. Courtesy de l'artiste
Alexandre Boiron, Rideau de lait d’amande, Diplôme CCC, Geneva 2022. Courtesy de l'artiste
Taïs Gutin, Rouge-gorge, 2023, collage d’une impression laser sur du polystyrène expansé, 20x13x5cm. Courtesy de l'artiste
Taïs Gutin, Rouge-gorge, 2023, collage d’une impression laser sur du polystyrène expansé, 20x13x5cm. Courtesy de l'artiste

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