Paris Performances

Les mots troubles est un programme de rencontres autour du texte dans sa dimension orale. Il est certain qu’on peut lire à voix haute les textes voulus, néanmoins certains sonnent et d’autres moins. Pour certains, dès le départ, l’auteur les a écrits pour qu’ils soient dit, comme un auteur de théâtre, ou un parolier, pour d’autres, comme le romancier, cette oralité est sûrement moins évidente. De mon côté , j’écris toujours mes textes en les entendant et en les disant, et je me demande s'il en est de même pour nos invité.e.s? Quel est le rôle de l’oreille, quel est le désir de la voix, que veut-on de celleux qui écoutent? 

L’oralité du texte a précédé sa forme écrite, nous le savons tous ; avec comme grand vecteur, l’histoire, les histoires que l’on raconte aux autres. L’histoire est au cœur des liens. Le conteur, le narrateur étaient des personnes clés au sein des tribus, des familles, des villages. Mais depuis les années 90, aux Etats-Unis comme en Europe le rapport aux histoires a été envahi par des logiques de communication et de capitalisme sous la forme de ce qu’on appelle le storytelling. Alors, à l’heure où tout n’est qu’histoires, quelle est la place de celleux qui racontent aujourd’hui dans la grande machine des histoires, machine à émotions capitalisées. Comment les écrivain.e.s, autrices, artistes, poètes, se situent-iels? Où peut se penser la résistance des histoires face au storytelling, ou comment peut-on en user pour en renverser le paradigme? Que raconter après twitter, avec YouTube? Au travers de 5 sessions de lectures, de rencontres et d’écoutes nous tenterons d’éclairer ces questions avec des auteurs et des voix. Une multiplicité de voix, pour une multiplicité de points de vue, et surtout du désir, le désir d’être ensemble pour parler et surtout pour écouter. "

Julie Béna