S’inspirer, respirer

Nouveau rendez-vous dédié aux débats de société, le cycle « S’inspirer, respirer » conçu par le journaliste et auteur Jean-Marie Durand s’attarde sur les impasses, environnementale, sociale, raciale, démocratique, entre autres, autour desquelles se noue notre époque.

« Le moment sidérant de la crise du Coronavirus, aussi bien pour ses effets sanitaires immédiats que pour ses effets politiques à long terme, ressemble à un « événement-monstre ». En ce sens qu’à travers lui, et surtout à partir de lui, quelque chose de nouveau se dessine, à la fois dans les espaces sociaux concrets et dans les imaginaires des peuples. Rarement dans l’histoire contemporaine autant de textes n’ont été alors écrits à l’aune de cet événement, pour tenter d’en prendre la mesure, conjurer ses effets tragiques et surtout esquisser des voies d’avenir pour un monde libéré des vices traduits par l’épidémie.

Penser « l’après » : cette aspiration visant à tenter de dégager un nouvel horizon au moment même où la pandémie plombait les vies restera l’un des traits les plus forts de la traversée de la crise du Coronavirus. Sans préavis, la pandémie a soudainement rappelé que le monde pouvait basculer rapidement dans le chaos. D’où la nécessité de se poser des questions, de prendre conscience de nos vulnérabilités, de  nous interroger sur notre mode de vie, sur nos vrais besoins masqués dans les aliénations du quotidien.

Rien ne sera plus comme avant, ou ne devrait plus être comme avant, a-t-on maintes fois entendu. En est-on sûr quelques mois après ? Qu’est-ce qui doit changer ? Où sont les lignes de fracture et les points de convergence entre les penseurs qui réfléchissent au monde de demain, quand bien même beaucoup se méfient des modes d’emploi tout faits ?

La pandémie aura eu au moins ce mérite (relatif) de mettre en lumière comme jamais la vitalité du monde de la pensée en ce début de siècle, traversé par un sentiment d’urgence face aux multiples dérèglements du monde, à la fois climatiques, économiques, culturels, démocratiques… Que peut la pensée face à ce présent fracassé, confiné, asphyxié ?

Ce contexte puissant nous invite à tenter de dresser un état des lieux de cet « avant monde d’après », et d’imaginer, grâce aux réflexions des philosophes, sociologues, économistes, anthropologues, historiens, écrivains…, les contours d’un monde sauvé des périls qui le menacent expressément. L’occasion de s’attarder sur certains sujets décisifs qui inspirent les artistes eux-mêmes. Rendre plus « respirable » notre monde, c’est prendre en charge les impasses d’un grand nombre de questions aujourd’hui en crise ; environnementale, sociale, raciale, démocratique, entre autres.

« Il faut que tu respires, c’est demain que tout empire » chante Mickey 3D dans sa chanson « Respire ». C’est de cette nécessité d’une respiration que ces débats espèrent traduire. « Et c’est pas rien de le dire ».

Durant toute l’année, il s’agira de déplier cette demande globale de respiration, en s’attardant sur certains sujets clé de nos vies collectives. »