La Traverse 10
La Traverse, journal de la Fondation
C’est sous le signe de la boîte, du white cube à la black box — héritiers des arts forains devenus dispositifs et motifs incontournables d’œuvres et de scénographies contemporaines — que se déploie ce dixième numéro de La Traverse. Pour cet agencement d’entretiens, de poèmes, d’images et de recettes dans l’espace des pages qui vont suivre, alimenté par celles et ceux qui façonnent le renouvellement constant de la Fondation Pernod Ricard, nous avons tenté de saisir quelques régimes d’apparition de la boîte/box, déconnectée de son environnement immédiat pour favoriser l’attention, tout en révélant les œuvres et en incitant le dialogue.
Notre saison 2025-2026 s’ouvre ainsi avec l’exposition « Sorry Sun », première édition du Nouveau Programme, pensé pour accompagner sur le long terme les artistes choisi·es par la ou le commissaire invité·e, et offrir un cadre ouvert à de nouvelles formes et perspectives. Pour cette première occurrence, Liberty Adrien convie les artistes Saodat Ismailova, Alexandre Khondji et Hélène Yamba-Guimbi à « tracer une cartographie du désajustement », dont La Traverse porte ici l’écho. Deux textes viennent ensuite restituer leur voix à la boîte elle-même. Le récit intime de Romane Constant transforme les boîtes de marbre en refuges narratifs et sensibles, compagnons silencieux où se dépose une attention délicate aux gestes, aux objets, aux sensations et aux instants de vie.
De son côté Camille Azaïs, dans son essai sur les Boîtes toxiques, montre comment ces contenants peuvent tour à tour devenir abris, coffrets de mémoire ou surfaces de projection de nos blessures intérieures. La boîte y apparaît comme un espace traversé par nos désirs, nos dépendances et nos expériences, à la fois fragile et puissant, capable d’accueillir autant la beauté que le poison.
Au centre de cette édition, un poster conçu par l’artiste Raphaël Massart comme préambule à sa résidence de septembre à décembre 2025 : en investissant les espaces d'Aperto, notre project-space, il posera les jalons de son label Aveycke Press, destiné aux non-musicien·nes.
L’artiste italienne Beatrice Bonino investira ensuite la totalité du white cube modulable de la Fondation, pour une exposition personnelle d’envergure conçue avec l’historienne de l’art Catherine David. De ses matériaux glanés fortuitement à ses formes émanées de l’arte povera, le répertoire de l’artiste défie la banalité tout en révélant un certain enchantement en filigrane d'un texte de Graham Hamilton.
C’est enfin avec joie que nous découvrons la sélection miroir de la librairie After 8 Books et toujours la recette de Vérane, cheffe de notre Café Mirette. Qui sait sous quelle(s) forme(s) l’esthétique du white cube rencontrera la création culinaire ?
