Entretiens sur l'art avec Vidya Gastaldon animé par Jill Gasparina

© Vidya Gastaldon
© Vidya Gastaldon

A l'occasion du cycle « Entretiens sur l’art », confié depuis 2021 à la critique et commissaire Jill Gasparina, celle-ci a invité l'artiste Vidya Gastaldon. 

Les « Entretiens sur l’art », confiés depuis 2021 à la critique et commissaire Jill Gasparina, recueillent des paroles d’artistes et scrutent avec attention la matérialité et les conditions d'émergence des œuvres des artistes invités.

A cette occasion, Jill Gasparina invitait, le 3 avril 2023, l'artiste Vidya Gastaldon. 

On pourrait tirer des enseignements du lieu où vit et travaille Vidya Gastaldon, une ancienne ferme très isolée perchée à 1000m d’altitude à l’écart d’un petit village de l’Ain. C’est un endroit où le paysage naturel revêt une importance considérable, qui incite à la contemplation de la terre et du ciel et à l’émerveillement silencieux. Il s’agit aussi d’un plateau où les habitants et habitantes ont développé des formes de solidarité et d’engagement collectifs puissants. 

Il faut pourtant se garder, dans ce cas, d’aborder l’œuvre par la biographie. Depuis qu’elle a commencé à travailler dans les années 1990, à l’issue de ses études à l’École des Beaux-Arts de Grenoble, l’artiste franco-suisse a en effet développé une œuvre qui est tout sauf personnelle (au sens où elle serait expressive). 

Son travail foisonnant de dessin, peinture, sculpture, installation, vidéo est marqué par des traditions très diverses comme le minimalisme américain, l’esthétique hippie et psychédélique, le New Age, la peinture paysanne, les textes sacrés de l’Inde, la pratique du yoga, les raves. Il est culturellement syncrétique.

Mais on n’y trouve nulle tentative d’exprimer une émotion vécue de manière personnelle. L’artiste expliquait en 2006 dans un entretien avec Fabrice Stroun : « Krishnamurti dit de l’acte de créer : ‘L’inspiration ne doit pas venir du « je ». La beauté, c’est l’abandon total du soi, et avec l’absence totale du soi, il y a « cela »’. Ce « cela » est ce que j’ai de plus fondamental et, par là même, de plus absolument commun à l’Autre. C’est ce « cela » que j’essaie de sentir et de donner à voir.

L’engagement collectif, la convergence de l’art et du don, la mise en place de modes de production artisanaux, très méticuleux reposant sur la répétition ou au contraire sur des formes d’appropriation et de transformation d’objets trouvés, les jeux d’échelle de l’infiniment petit à l’infiniment grand, voilà autant de modalités de travail mises en place par l’artiste pour prendre ses distances avec l’expression égotique et développer une cosmogonie positive.