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Exposition « Earth Ears : écouter la Terre avec Pauline Oliveros »

Exposition jusqu'au 17 février 2024, à l'Aperto, Project Space de la Fondation Pernod Ricard.

Exposition « Earth Ears : écouter la Terre avec Pauline Oliveros »
Une exposition en collaboration avec Bétonsalon - centre d'art et de recherche.

Curatrices : Emilie Renard et Maud Jacquin
Intervenants : Konstantinos Kyriakopoulos et Martha Salimbeni


Aperto, Project Space de la Fondation Pernod Ricard
17bis, rue d'Amsterdam 75008 Paris

Entrée libre, du mercredi au vendredi de 14h à 18h
Le samedi sur demande à l'accueil de la Fondation.
 


 

Ce nouveau lieu de la programmation de la Fondation est pensé pour recevoir des projets à géométrie variable – expositions, recherche, performances, ateliers, rencontres, éditions –, évoluant au gré des pratiques artistiques et collaboratives qui l’habitent.
C’est Bétonsalon ‑ centre d'art et de recherche, qui inaugure les lieux avec l’exposition « Earth Ears : écouter la Terre avec Pauline Oliveros », un projet conçu en écho et prolongation de l’exposition qu’il consacre dans ses murs à la compositrice, figure fondatrice de la pratique du Deep Listening.

 

En écho à l’exposition « Un·Tuning Together : pratiquer l’écoute avec Pauline Oliveros » se tenant à Bétonsalon, ce projet propose d’explorer les liens entre Deep Listening et écologie à travers une sélection d’archives et d’œuvres d’Oliveros, pionnière de la musique électronique, accordéoniste, éducatrice, compositrice féministe.


Selon elle, « Le Deep Listening consiste à écouter tout ce qu'il est possible d'entendre de toutes les manières possibles… Cette écoute intense inclut les sons de la vie quotidienne, ceux de la nature, de nos propres pensées ainsi que les sons musicaux. Le Deep Listening est un état de conscience augmenté qui connecte l'auditeur·ice à tout ce qui existe. » (1) Cette définition souligne d’emblée la place du vivant dans l’oeuvre d’Oliveros — « Mon enfance dans une région rurale du Texas m'a sensibilisée aux sons des éléments naturels et de la vie animale », a-t-elle expliqué à plusieurs reprises — mais aussi et surtout sa conception de l’écoute comme une pratique capable de nous faire prendre conscience de ce qui nous relie au monde.

Comme l’écrit la musicologue Denise Von Glahn, « Oliveros adopte une vision holistique du monde et conçoit donc la nature différemment de nombreux·ses écrivain·es, penseur·ses et compositeur·rices qui l’ont précédée. Loin d’envisager la nature comme quelque chose de discret et d’extérieur à elle-même, quelque chose de séparé de l’humanité, Oliveros se considère comme faisant partie d'un continuum vivant. » (2)

Organisée en cinq chapitres, cette exposition s’intéresse aux différentes manières dont, dans l’œuvre d’Oliveros, la pratique de l’écoute peut nous faire ressentir cette continuité avec le monde vivant. Ici, l’expérience sensible participe d’un projet politique : celui de rompre avec une vision anthropocentrée de la nature en éprouvant l’environnement non plus comme un fond bruyant, un décor aux activités humaines, mais comme une entité active à laquelle nous sommes profondément lié·es.

 

Dans le prolongement de leurs propositions pour l’exposition à Bétonsalon, Konstantinos Kyriakopoulos et Martha Salimbeni composent ensemble un espace de consultation qui s’inspire des dispositifs des bibliothèques faits de structures porteuses souples. Éclairés d’une lumière douce associée à la somnolence, ces souvenirs sont à réactiver par la lecture, l’écoute, l’interprétation et la rêverie.

 

 

(1) Pauline Oliveros, « Quantum Listening: From Practice to Theory (to Practice Practice) », in Sounding the Margins, Collected Writings 1992-2009, Deep Listening Publications, 2010, p. 73.

(2) Denise Von Glahn, Music and the Skillfull listener: American Women Compose the Natural World, Indiana University Press, 2013, p. 106.

 

Photo : Retraites de Deep Listening organisées par Pauline Oliveros à Rose Mountain, juin 1991, Photographie : David Felton. Collections spéciales, F. W. Olin Library, Mills College at Northeastern University. Courtesy Pauline Oliveros Trust.