Évènement

Jean-Philippe Basello / Eric Stephany

Lundi 18 mai 2015 à 19h

Le Corbusier a tenté de redéfinir l’architecture à l’échelle de l’homme, redéfinissant un système de mesure non plus métrique mais directement adapté à la morphologie humaine par un nouveau système associant, avec le Modulor, les dimensions du corps à celui du nombre d’or, remplaçant un système de standardisation par un autre.

L’architecte comme le designer ne cessent de confronter leurs projections à ses nécessaires usages, au risque de voir leur vision dévoyée par son exécution matérielle. Cette dernière séance de la saison de Partitions (Performances) propose d’associer deux approches révolutionnaires, au sens propre comme au figuré, du design et de l’architecture. Eric Stephany évoque la figure de l’architecte contemporain de la Révolution Française, Jean-Jacques Lequeu – plus connu pour ses visions utopistes que ses constructions véritables, l’architecte n’ayant abouti dans sa carrière qu’à l’érection de deux « folies » aux alentours de Nantes – par un projet de recherche entamé en 2013 qui se clôt ici sous une forme performative et la présentation de la version sculpture du projet au Musée Nivola en Sardaigne cet été. Jean-Philippe Basello présente l’agence de ContreDesign King Kong in the City, entreprise dont il est le fondateur, et qui vise à renverser le principe même du design. Si « le design crée un monde à l’échelle de l’homme. Le contre design rappelle à l’homme l’échelle du monde. (J-P Basello) »

Eric Stephany / L’index des ombres
Depuis 2013, Eric Stephany développe un projet de recherche autour d’un architecte révolutionnaire moins pour sa contribution à l’architecture que par la liberté de ses planches autant utopistes que fantaisistes, seul témoignage d’une vision éminemment originale de l’architecture. A la fin du XVIIIème Siècle, Lequeu réalise un « Traité de la science des ombres et du lavis » pour lequel il dessine des pavillons imaginaires autant poétiques que surréalistes voire pornographiques, laissant deux planches incomplètes dont l’index, mentionné mais laissé vierge que Stephany se propose de réinterpréter, répondant à l’extraordinaire personnage historique par un index de formes. Ce lexique verbal et formel combine sculptures, collages, fragiles œuvres de papier et photographies réalisées à partir d’éléments accumulées au fil de ses différents déplacements et notamment dans la cadre d’une résidence hors-les-murs à New York réalisée avec le soutien de l’Institut Français.

Architecte de formation, Eric Stephany a glissé depuis le début des années 2000 du cabinet d’architecte à l’atelier de l’artiste. Héritier d’une histoire de l’architecture moderniste d’après-guerre, de l’art minimal, de l’art conceptuel, il développe un travail de sculpture, d’installation et de collage, basé sur une accumulation de matériaux pauvres, de rebuts de maquettes, de restes de chantier, mais aussi de ces images quotidiennes qui envahissent nos ordinateurs, qu’il compare volontiers à des « monstres », autrement dit les encombrants de nos villes. Il est actuellement en résidence à la Cité des Arts et s’apprête à entamer une nouvelle recherche en Inde.

Jean-Philippe Basello / Contredesign – présentation de la nouvelle collection
Avec le ContreDesign, Basello propose une alternative des plus ambitieuses à la surproduction de marchandises par la modélisation d’un système qui vient contredire les principes du design en réinventant un système de mesure non plus à l’échelle de l’homme mais à celle de la nature. “Que reste-t-il du raffinement, de l’ingéniosité, de l’âme du design si à force de s’adapter à l’homme, il adapte l’homme ? Arrivez a un certain point le design perd sa légitimité sans contredesign.”

Formé à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris puis artiste en résidence à la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Île-de-France, Jean-Philippe Basello est artiste autant qu’entrepreneur développant depuis quelques années des Start-Up ou plutôt des Start-Out aussi surprenantes qu’ambitieuses à fort potentiel de déploiement. Du label indépendant de « chant dans la tête » La Tête d’Orphée créée en 2013 et son Académie dans laquelle chacun peut suivre des cours afin d’entraîner son intensité et sa perception de l’infra chant, à l’entreprise de ContreDesign King Kong in the City, Basello répond au monde économique par de nouvelles formes de sociétés à actions simplifiées, limitant l’objet social à des formes aussi minimales qu’illimitées. Les différentes structures juridiques utilisées, de l’entreprise à l’association loi 1901, sont autant d’outils de développement au service de projets plus vastes.

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Intervenants

Jean-Philippe Basello
Eric Stephany

Date
Horaire
19h00
Lieu
Fondation Pernod Ricard
1 cours Paul Ricard
75008 Paris
Entrée libre

Prochainement

À l'auditorium 
Mercredi 22 mai 2024 à 19h

Entretiens sur l'art avec Cindy Coutant

Confiés depuis 2021 à la critique et commissaire Jill Gasparina, les « Entretiens sur l’art » qui, depuis plus de 20 ans, dessinent une formidable collection de paroles d’artistes, scruteront désormais avec attention la matérialité et les conditions d'émergence des œuvres des artistes invités.

À la librairie 
Samedi 25 mai 2024 à 17h

Lancement de Pour des écoles d’art féministes ! 

de 15h à 17h, à Bétonsalon
Lancement de l’ouvrage La Part affective (Paraguay Press) de Sophie Orlando et conversation avec Émilie Renard et Elena Lespes Muñoz.

de 17h à 18h30, à la Fondation Pernod Ricard
Lancement de Pour des écoles d’art féministes ! (2024), ouvrage collectif coédité par l’ESACM et Tombolo Presses
avec T*Félixe Kazi-Tani, Gærald Kurdian, Sophie Lapalu, Vinciane Mandrin, Michèle Martel, Sophie Orlando, Clémentine Palluy, Émilie Renard et Liv Schulman.