Underworld cinema

Avec la sortie en 2011 de La BM du seigneur, Jean-Charles Hue a brillamment réussi l’épreuve du long-métrage. L’accès aux salles estampillées art et essai en même temps qu’aux galeries d’art a plus qu’une valeur symbolique, elle est dans ce cas la traduction d’une faculté à pouvoir travailler, ensemble et séparément, sur le terrain de l’expérimental, du documentaire et du grand genre narratif. Par son immersion dans des mondes en marge (chez les yaniches ou à Tijuana) , avec leurs codes, leurs récits et histoires, comme dans le travail qu’il conduit avec des non-acteurs qui semblent se réinventer en personnages de fiction, Jean-Charles Hue engage un pacte filmeur-filmé qui mêle le goût de l’aventure à une empathie profonde, trouve une façon d’inventer à plusieurs la matière d’un film. Dans les films gitans comme dans les films mexicains, une forme s’invente, où l’auteur montre autant sa maîtrise du sujet que la façon dont le sujet s’empare de lui. Avec un artiste, cinéaste, naturellement porté à l’échange et à la négociation, nous devrions trouver à qui parler.

Avec Katia Schneller, historienne de l’art.
Jean-Charles Hue a bénéficié d’une exposition personnelle à la Fondation d’entreprise Ricard en 2007.